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Maxime Gorki De la Russie à l'Italie

Maxime Gorki, départ et retour en Russie
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1- Maxime Gorki à Petrograd    2- Maxime Gorki en Allemagne
3- Maxime Gorki en Italie

1- Maxime Gorki et la Russie

Maxime Gorki pendant son séjour à Petrograd en 1919-1921 
Maxime Gorki, de son vrai nom Alekseï Maksimovitch Pechkov 
 
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Gorki & Chaliapine vers 1900                        Gorki & Tchekhov

En plein révolution, Maxime Gorki et toute sa maisonnée s'installe au 23 de la perspective Kronwerk, [1] située sur l'île Petrogradskaïa, juste derrière la forteresse Pierre et Paul. [2] Sa femme Maria Fiodorovna Andreïeva avait loué cet appartement au quatrième étage, qui devait aussi abriter la maison d'édition, qui s'avéra vite trop petit et il fallut se résoudre à louer celui, plus spacieux, de dessous. Gorki se démenait sans compter pour faire vivre sa maison d'édition et résister à l'acrimonie de Ziniviev qui supervisait le domaine de l'édition.
 
Le célèbre écrivain anglais Herbert Wells annonça un jour son arrivée imminente : il voulait absolument voir la "nouvelle Russie" et rendre visite à son grand ami Maxime Gorki. Dès sa venue, il fut convié à la Maison des arts située alors dans la maison Elisseïev à l'angle de la perspective Nevski et de la rue Morskaïa. Gorki et sa secrétaire Moura Benchendorff, la future baronne Boudberg, pilotèrent Wells dans la visite de Petrograd, flânant sur les quais de la Néva jusqu'à la cathédrale Saint-Isaac qu'on transformait alors en musée et au Jardin d'été.
 
Après une brève visite à Lénine au Kremlin que, dans son lire "La Russie de l'ombre", il appelle "le rêveur du Kremlin", Wells revint rapidement à Petrograd où il reprit discussions et flâneries avec Gorki le long de l'Hermitage et du quai de l'Amirauté ou jusqu'au Comité des savants hébergé dans le Palais de Marbre en face de la forteresse Pierre et Paul. Après le départ de Wells, il eut de nouveau des difficultés respiratoires, dues en partie au climat humide de la région. Dans les premiers mois de 1921, quand Lénine lui écrivit dans une lettre pleine d'ironie : « Partez! Sinon on vous expulsera », il comprit qu'il devrait à terme quitter l'appartement du Kronwerk avec ses proches. 


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Gorki, sa statue          Bas-relief métro Gorkovskaïa St Pétersbourg

Sa maison de Moscou rue Malaïa Nikitskaïa ex  hôtel Riabouchinski

Pendant ce temps, Gorki se démenait pour secourir les populations affamées habitant le long de la Volga. Le 10 juillet 1921, il lança un vibrant appel pour les victimes de la faim dans son pays, envoyé aux écrivains influents d'Europe et d'Amérique, ce qui ne fut pas du goût de certains politiques. En plus de ses ennuis de santé, son moral se ressentit durement de la mort de son ami le poète Alexandre Blok à Petrograd et l'arrestation de Nikolaï Goumilev.[3]

 Gorki partit se reposer quelques jours au mois d'août à Bieloostrov à la frontière finnoise. Outre une santé qui se détériorait, ses nombreux démêlés avec Zinoviev l'exaspéraient de plus en plus. Il se décida finalement à partir voyager à l'étranger, d'abord en Allemagne puis, fuyant une Allemagne chaotique, ce fut l'Italie, à Sorrente tout d'abord en 1925 puis à Posillino tout près de la baie de Naples.


tumb  Gorki & Lénine au Palais Tauride Petrograd 1920

 

Notes et références

  1. La perspective désigne à Saint-Petersbourg de larges avenues, parmi les plus importantes de la ville
  2. ↑ appelée à une époque perspective Gorki
  3. ↑ il fut arrêté en 1921 pour "complot monarchiste" dans une affaire fomentée par la Tcheka et exécuté en août 1921 avec d'autres membres de la conspiration de Tagantsev. 

2- Maxime Gorki en Allemagne

L’écrivain pendant son séjour allemand 1922-1924
Maxime Gorki, miné par une tuberculose persistante, s’était décidé à gagner l’Italie. Mais le Duce et ses services se firent tirer l’oreille et les visas tardèrent à être délivrés. Avec sa maisonnée, il s’installa d’abord dans un village de la Forêt Noire, Sankt-Blasien.


tumbMaxime Gorki à Gunterstal 

Ensuite, ce fut Saarow dans un bel hôtel construit tout en bois de pin. A la Noël 1922, les amis affluèrent et il fallut louer tout l’hôtel Bahnhof. Ambiance bon enfant où Gorki prépare des raviolis russes dont tout le monde se régale, avec sa belle-fille Timocha. La santé de Gorki se dégradant davantage, après un détour par Berlin où ils s’installèrent quelques semaines à la pension Krempe de la Victoria-Louisen Platz, puis au printemps 1923, ils repartirent vers la Forêt Noire à Güntersthal près de Fribourg-en- Brisgau.
 
En Allemagne, Alexandre Parvus [1] conclut un accord avec l'auteur russe Maxime Gorki pour monter sa pièce Les Bas-Fonds. Selon l'accord, la majorité des recettes de la pièce devaient aller au Parti social-démocrate russe (et environ 25% à Gorki lui-même). Le manquement par Parvus à payer [2] lui a valu d'être accusé d'avoir volé 130 000 marks-or allemand. Gorki a menacé de poursuivre, mais Rosa Luxembourg a convaincu Gorki à garder la querelle à l'intérieur du parti. Finalement, Parvus a remboursé Gorki, mais sa réputation dans les cercles du parti a été endommagée.
 
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       La maison de Gunterstal                La maison de Saarow
 
Cependant à l’automne 1923, la situation socio-économique de l’Allemagne est si désastreuse que Gorki décide d’aller attendre ses visas italiens en Tchécoslovaquie. Le 26 novembre, ils sont à Prague et le 6 décembre partent s’installer dans la station thermale de Marienbad à l’hôtel Maxhof.
A la mort de Lénine le 21 janvier 1924, il est immédiatement sollicité pour écrire ses souvenirs. Cette mort supprima tous les ressentiments qu’il nourrissait envers le leader russe quant à son mol soutien de ses travaux d’édition et contre la hargne de Zinoviev.


Il avait des relations ambiguës avec sa chère patrie, berceau du communisme, mais ne supportait plus les méthodes expéditives de son ennemi Ziniviev et l’intransigeance dogmatique de Kroupskaïa, la veuve de Lénine, qui préconisait la mise à l’index de tout un pan de la littérature.
Les visas tant attendus pour l’Italie arrivèrent enfin en mars 1924 et tout ce petit monde put dès lors rejoindre l’Italie pour s’installer dans la ville de Sorrente.
 
Notes et références

  1. ↑ Alexandre Parvus, né en septembre 1867 et mort à Berlin en décembre 1924, est un révolutionnaire et homme politique russe ainsi qu'un social-démocrate allemand.
  2. ↑ en dépit du fait que la pièce avait réussi à être jouée pendant plus de 500 séances

 

3- Maxime Gorki en Italie 

L’écrivain pendant son séjour italien
Après son départ de Russie et un séjour en Allemagne, Maxime Gorki et ses proches s’installèrent à Sorrente en 1924 dans une grande villa avec un magnifique jardin planté de palmiers, d’agaves, d’orangers et de citronniers mais d’un confort modeste et d’un loyer trop élevé pour ses finances. Cherchant une nouvelle résidence, ils visitèrent la villa du duc Serra di Capriola à Capo di Sorrento à l’ouest de la ville de Sorrente, bien située sur un promontoire avec une belle vue sur la baie de Naples.
 
Ils finirent par louer la villa "Il Sorito" où les amis que Gorki avait encore d’un précédent séjour en Italie à Capri, [1] pouvaient facilement venir le voir. Gorki, appréciant beaucoup la douceur de vivre italienne, se promenait souvent dans les environs avec fox-terrier. Il étudiait et travaillait mais sa situation financière devint peu à peu préoccupante, autant que son fils Maxime et sa femme Timocha vivaient à ses crochets.
 
Baisse de ses droits d’auteur, interdiction de sa revue Besseda, tout concourrait à le mettre durablement dans l’embarras et il lui fallut songer à vendre sa collection de figurines en jade. Les séances de travail étaient entrecoupées d’excursions à la belle saison et de nombreuses balades en canot dans la baie de Naples. Début septembre, sa belle-fille Timocha accoucha et Gorki fut grand-père d’une petite fille prénommée Marthe. [2]
 
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La maison de Sorrente                      La maison de Capri
 
Après une perquisition malvenue de la police de Mussolini qui mit Gorki dans tous ses états, le groupe déménagea dans le village de Posillino à l’ouest de la baie de Naples, dans la villa "Galotti" où ils restèrent jusqu’en mai 1926. C’est là que Gorki commença sa suite romanesque "La vie de Klim Sanguine". A partir du printemps 1928, Gorki fit chaque année un voyage en Russie avant son retour définitif en 1933. Il voulait renouer avec son pays et savoir si sa santé lui permettrait de vivre à Moscou ou au moins en Crimée.

Il connaît aussi la situation précaire d’un exilé –l’épisode de la perquisition est assez éclairante- sait qu’il n’a guère le choix et que seule son retour pourrait lui permettre de réaliser cette idée qui lui trotte dans la tête depuis longtemps, depuis 1905, mettre en place et organiser "la culture pour tous". 

Notes et références

  1. ↑ De 1906 à 1913, Gorki vécut à Capri pour des raisons de santé, il avait beaucoup de difficultés d’ordre pulmonaire, mais aussi pour mettre du champ avec la répression qui s’exerçait en Russie
  2. ↑ Marié depuis 1896, Gorki a deux enfants, un fils Maxime né en 1897 et une fille Katioucha née vers 1900

Voir aussi 
Ivan Tourgueniev, Fedor RaskolnikovAlexandre Pouchkine 
Saint-Pétersbourg et ses écrivains, Le Palais de Pavlovsk, Le Parc de Pavlovsk
Le palais de Peterhof
, Le palais de Tsarkoie Selo
Les écrivains de l'époque soviétique

Balade à St-Pétersbourg
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24/02/2014
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