Gustave Flaubert de Déville à Croisset
« Le passé est une fiction autobiographique qui se donne des airs de rapport parlementaire » Gustave Flaubert
Le pavillon de Croisset
Gustave Flaubert a passé une partie de son enfance à Déville quand son père, le Docteur Achille Flaubert, médecin en chef des hôpitaux de Rouen, acheta la propriété située 22 route de Dieppe.
Le jeune Gustave y passa tous ses étés jusqu'en 1841. Vers l'âge de huit ans, stimulé sans doute par les défilés des gardes nationales auxquels il assista, réunissait dans son jardin les enfants de son quartier pour jouer au soldat.
Dans ses « Souvenirs », Caroline la nièce de Flaubert, évoque leur vie dans la maison de Croisset, grande propriété du 18ème siècle qui s’étalait tout en longueur sur les berges de la Seine. De la terrasse, Gustave Flaubert suivait à la jumelle les bateaux de plaisance à vapeur qui naviguaient jusqu’au port de La Bouille.
Caroline Commanville, sa nièce
Caroline avec son oncle Gustave et sa grand-mère s’asseyaient sur le balcon du petit pavillon en laissant Le paysage se fondre petit à petit dans la nuit. En ce temps-là, les bateaux étaient encore halés par des chevaux à la remonte. Le soir, les pêcheurs d’anguilles partaient en barque pour aller déposer leurs nasses.
Gustave Flaubert ne prisait guère le chemin de fer, cause du déménagement de Déville à Croisset mais par la suite il l’emprunta souvent pour ses rendez-vous galants avec sa maîtresse Louise Colet à l’hôtel du Grand Cerf à Mantes. [1] Une fois, Louise Colet dépassa Mantes allant jusqu’à Rouen en train puis loua une barque pour pousser jusqu’à Croisset. Elle y trouva dit-elle, une maison basse de style anglais, blanche et pleine de charme. Mais Flaubert, furieux de son initiative et ne voulant déplaire à la mère, lui en refusa l’entrée…
A 15 ans, Flaubert, dans une lettre, liste les méfaits de la civilisation, en commençant par le chemin de fer. Deux ans plus tard, dans son essai sur Rabelais, la liste s’est modifiée mais
Le chemin de fer arrive encore en tête. A 18 ans, il déteste sa région et écrit dans ses Carnets intimes : « Je crois que j’ai été transplanté par les vents dans ce pays de boue… », d’où son goût pour les voyages qui le tiendra longtemps, [2] écrivant aussi l’année suivante : « Il se pourrait bien que je m’en aille me faire Turc en Turquie… ou conducteur de chameaux en Egypte. » [3] Sur l’œuvre littéraire, Gustave Flaubert disait « qu’il n’y a pas en littérature de bonnes intentions (mais que) le public veut des œuvres qui flattent ses illusions. »
La maison de Déville La maison de Croisset par René Thomsen (1897)
Notes et références
[1] Situé 6 place de la république, l’hôtel a été démoli depuis et remplacé par un immeuble.
[2] Flaubert a effectivement beaucoup voyagé, en particulier en Suisse et en Italie (1845), en Bretagne (1847), en Egypte-Syrie-Turquie-Grèce (1859-51), en Angleterre à 4 reprises, en Algérie-Tunisie (1858), en Allemagne (1865), en Belgique (1871) et de nouveau en Suisse (1874)
[3] Julian Barnes « Le perroquet de Flaubert », page 149
<<<<<< Christian Broussas - Feyzin - 9 septembre 2013 - © • cjb • © >>>>>>>>